Déjà 4 mois !!! Bilan des courses...
Salut,
L'heure est au bilan … On s'imagine tous plus ou moins l'impact que peut avoir un voyage de longue durée à l'autre bout du monde. La palpitante aventure humaine que l'on peut vivre, comme l'impression de laisser tant de personnes derrière soi, font partie intégrante de cette expérience. Je savais tout ceci avant de m'asseoir sur le siège E45 de l'avion en partance pour Sydney, il y a maintenant 4 mois. Néanmoins, c'est avec le triste départ d'une amie (Zoé) et avec un peu de recul, qu'une réalité plus que certaine apparaît : Ce voyage itinérant en Australie va laisser en nous une trace indélébile. Je vais tenter à l'aide de cet article, de vous éclairer sur les véritables caractéristiques de ce voyage; ce qui nous fait avancer et ce qui nous freine sur la longue route de l'aventure « Aussie ». En gros, la fameuse liste des « POUR » et des « CONTRE » que vous faites par exemple avant de rompre avec votre petit(e) ami(e) ou encore avant de choisir votre nouvelle marque de pain de mie ( oui, je sais, je suis conscient de mon traumatisme, lié au pain). Ainsi,après la lecture des différents points, j'espère que vous serez plus à même de répondre à : « Seriez-vous prêt à partir ?? ».
Un jour, une personne avisée m'a fait comprendre, que la vie n'est qu'une succession de choix inévitables et qu'une fois décision prise, il n' y avait pas de retour envisageable, afin de toujours avancer. Je n'ai réellement compris cette philosophie que depuis peu. Même si cela s'applique à vos comme à mon ancien mode de vie, c'est vraiment grâce à cette tranche de vie à 20 000 km de mon véritable chez moi, que ce dogme prend tout son sens. Mes 4 mois, comme ceux de mes compagnons de route, ont été guidés par des petits choix d'apparence, mais finalement d'une importance capitale. Ainsi, je peux actuellement dire qu'une douanière, qu'une clope, que le jour de Noël et qu'une crêpe au sucre ont été des intersections décisives de ce voyage. Étrange comme moments-clé, n'est ce pas?? C'est là que se trouve le véritable trésor de cette aventure. Lorsque vous partez vivre seul à l'étranger, vous vous offrez un cadeau inestimable: la liberté...
Liberté d'aller, de choix, de vie !!! Je ne critique en aucun point mon ancienne façon de vivre, mais comme pour beaucoup d'entre nous, je m'étais perdu dans une routine où mes seuls choix se résumaient à quelles bières j'allai acheter pour l'apéro hebdomadaire (généralement quelques HK chez « méloche&hawks »).Pas déplaisant !! Au contraire... Mais à l'heure actuelle, les décisions prises se portent d'avantage sur la ou les prochaines destinations exotiques, où nous allons continuer à vivre et à en prendre plein les yeux. Par conséquent, je reprends le proverbe de St Augustin : « Vivre sans voyager, c'est lire qu'une page du livre de sa vie ... ».
Vous l'aurez compris, le premier « POUR »,et pas des moindres, est cette liberté d'action et de décision.
Cependant, ces derniers propos amènent bien évidemment un premier « CONTRE », même s'il est à nuancer, celui de quitter le cocon … Famille,amis d'enfance et autres,collègues de travail et tous les lieux qui s'y rapportent, sont de premier abord considérés comme naturellement immuables. Néanmoins, je peux vous certifier qu'une fois dans l'avion et malgré toute l'excitation d'un « début de quelque chose ... », toutes ces certitudes s'ébranlent un peu. Mon talon n'aura jamais tant tapé au sol, d'anxiété. Mais je vais vous dire : « c'est le jeu ma pauvre Lucette !! ». D'un côté, ce voyage n'a t-il pas aussi pour but de voir un petit peu ce que vous avez dans le ventre ?? Moi, c'était le cas... et je pense que cachée sous différents prétextes, cette question est sous-jacente à beaucoup de backpackers européens ici présents. Eh bien chers aventuriers, un peu « masochistes », vous allez être ravi. Il ne faut pas le nier, c'est effectivement pas toujours évident. Vous vous rendez vite compte que « Habitudes et routines » avec vos proches sont une drogue et que la désintox va être dure. Certes l'avancée technologique en terme de communication, permet d'étirer très loin, le cordon ombilical avec votre cocon. Merci au passage à Facebook, Skype et aux autres réseaux sociaux comme ce blog (Over-blog). Mais 20 000 bornes, ca commence à faire un bout de chemin pour le cordon et on peux difficilement penser à rentrer juste pour le week-end. Ainsi, les gens vous manquent...Mais le sevrage, malgré quelques petites crises de manque, fonctionne et l'addiction devient moins pesante. Certes vous ne verrez pas les gens que vous aimez pendant une année ou plus, mais qu'est -ce que c'est sur une vie ? De plus, la contrepartie reçue n'est pas trop mal: Vivre enfin pour soi, sans les contraintes de votre environnement de toujours. Cependant, pas de fausse joie !! Penser qu'à même titre, vos vieux démons ne passeront pas la douane australienne et vous laisseront enfin en paix, est illusoire .Le voyage n'est pas la panacée à tous vos maux, mais il permet de se centrer sur autre chose, une aventure, votre aventure humaine.
Ce qui nous envoie directement au deuxième grand « POUR », justement, les rencontres humaines...
Votre road trip est guidé par les rencontres et celles-ci sont incroyablement riches et variées. Souvent grâce à un concours de circonstances, ces nouvelles personnes rentrant subitement dans votre vie, partagent avec vous et bonifient votre voyage. Ce qui est extraordinaire avec cette expérience c'est que le fait le plus insignifiant peut entraîner la rencontre qui change du tout au tout vos projets. S'il n'y avait pas eu ce jour là, cette douanière australienne adorant les français, qui nous laissa passer sans contrôle de bagage; je n'aurai jamais rencontré Quentin et Pascal ( aussi stupéfaits que moi d'être passé comme ca), avec qui je partage depuis maintenant 4 mois mon voyage.
De nombreux exemples confirment ce phénomène. Si je n'avais pas fumé cette clope avec Quentin, sur la terrasse d'une auberge de jeunesse, nous n'aurions peut être pas rencontré la paire Jordan (modèle de la photo de janvier) et JB, tout deux « heureux » propriétaires du van jaune qui nous a baladé quelques mois. Ou encore la paire Bérengère / Marie rencontrée deux minutes plutôt au même endroit, lyonnaises avec qui j'ai partagé un bout de route sur Brisbane et Byron bay. Bref, depuis mon arrivé à l'aéroport de Sydney jusqu'à mon emménagement dans une maison à Mundubbera (2500 habitants, Queensland), mon compteur de rencontres dépasse la cinquantaine de personnes. Toutes n'ont pas été marquantes, mais une bonne majorité nous ont permis d'améliorer cette aventure australienne. Sans le stand de crêpes sucrées,( familier pour nous mais exotique pour un australien), on n'aurait pas connu le trio Zoé / Bertille / Tom, backpackers confirmés, qui nous ont apporté l'opportunité de travailler dans la meilleure ferme du Queensland et d'emménager dans une maison, une vraie...
Tom et Bertille dite "brout-brout"
Vous allez me répondre qu'il arrive la même chose chez nous. Oui bien évidemment, mais pas avec la même fréquence. Et puis, ne me dites pas que vous trouvez souvent du travail et une maison en mangeant juste une crêpe dans la rue. Se socialiser au maximum, c'est la clé !! Echanger sans cesse avec les autres, permet de créer de mini communautés très soudées, facilitant l'entraide et le divertissement. Avoir des compagnons de route partageant galères et moments inoubliables gravés à vie dans les têtes de chacun. Voyager a véritablement le pouvoir que les gens se comprennent, malgré parfois l'adversité de la route et la diversité des langues maternelles. Bref, on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer... C'est pourquoi,nous appelons désormais « routine », une même façon de vivre (lieux, travail, etc..) qui dure seulement plus de deux semaines. Qu'il s'agisse de rencontres ou de lieux, les changements sont hebdomadaires. L'effet « routine » n'existe presque pas chez le backpacker. En 4 mois, nous avons l'impression d'avoir vécu et vu dix fois plus de chose qu'en 4 ans d'avant le départ. En revanche, en découle de ceci, un désagrément qui je pense en rebuterait certains d'entre vous. Qui dit changements réguliers, dit aussi mobilité et possible précarité. Tout d'abord, faut reprendre à zéro, la notion de confort minimum. A part si vous arrivez riche comme Crésus, ayant donc la possibilité de flamber un peu, être backpacker c'est vivre avec le minimum syndical. Intimité, achats superflus et petits plaisirs trop chers, on oublie !! Mais bizarrement, on se fait rapidement à ces contraintes et on se rend bien mieux compte de la chance d'avoir un bon verre d'eau fraiche potable et de ne pas avoir le ventre vide. Ca peut paraître de la survie, mais je vous assure que l'expérience est enrichissante et qu'on est heureux de la vivre avec du recul.
Une galère est toujours désagréable sur le moment, mais une fois surmontée, vous en sortez grandis et même vous en rigolez par la suite. Une aventure sans obstacles n'en est pas vraiment une... Pour notre part, on a eu notre lot de galères. Faire du stop de nuit ou sur une voie express, dormir avec les cafards, gagner 70$ pour deux semaines de travail ou encore marcher 65 km avec sac sur le dos sous un torrent de pluie, ne nous ont pas fait rire au démarrage.
( triple axel avec un velo, enfin tentative de tipl...)
Cependant, nous nous sommes sortis de tous ces bourbiers avec nos simples ressources, le tout en apprenant de nos erreurs. Il ne faut pas perdre de vue que c'est l'aventure et non des vacances au soleil. Beaucoup pensent qu'ils vont arriver ici avec leur petit pécule et conquérir ce continent sans difficulté . Détrompez-vous!! Pour s'en sortir, il faut persister car les premiers mois sont généralement catastrophiques. L'argent part à tout va, trouver absolument du boulot et se loger économiquement sont des soucis quotidiens. On n'est pas vraiment dans le cadre « Voyager en touriste ». Mais courage!! Tout cela s'arrange avec le temps, le hasard des rencontres et un peu de chance je l'avoue.
Peut être qu'il faudra se serrer la ceinture sur quelques mois, mais promis, c'est payant !! Car le jour où tout se décante, une fenêtre s'ouvre sur un potentiel gigantesque. En nous prenant comme exemple,une fois notre saison de picking achevée, nous repartirons avec près de 20 000$ à la conquête de nouveaux horizons, sans la contrainte économique. L'ensemble de l'Australie, la Nouvelle Calédonie, la Nouvelle-Zélande ou encore l'Asie ne sont plus des projets inimaginables.
Être libre de faire ce que l'on veut et d'écrire de nouvelles pages à notre livre...
D'ailleurs, le voyageur est soumis au devoir de tourner rapidement des pages. Pour en revenir aux rencontres, vivre en tant que backpackers, c'est découvrir des gens supers mais aussi un jour, les quitter. Injuste mais c'est le dur retour de manivelle et faut y être préparé. La fin sera sensiblement la même pour tous: le retour !!
J'ai déjà pu observer quelques retours en France ou autres, de mes compagnons de route ayant bien profité. Une chose est certaine, plus la durée de voyage est longue, plus le retour est une déchirure. Semblable, au film « Bienvenu chez les ch'tits », le voyageur établi en Australie pleure deux fois: une en arrivant suite à l'impression d'avoir tout quitter et une deuxième pour le retour, ne voulant plus partir.
Zoé retour le 19/02/11
Marie et Bérengère retour mi-janvier
Je n'en suis pas encore là, mais la chose me persuade à dire que le reste de l'aventure s'annonce inoubliable. Vivre si loin de chez nous, nous laisse des traces. La principale peur du backpacker est d'ailleurs de ne plus être le même à son retour, que sa vie d'avant avec son cocon ne lui suffise plus. Heureusement ou malheureusement, le processus a déjà commencé en seulement quatre mois, alors imaginez-vous après un an ou plus et après avoir sillonné multiples cultures et continents. Vous échangez une drogue contre une autre, le cocon contre le voyage. Il est actuellement très dur pour nous de se voir reprendre une vie dite « normale », et retrouver sa vieille routine. Mais il n'est pas question de déjà penser au retour, le voyage ne fait que commencé malgré tout ce que nous avons déjà pu vivre. De nombreuses pages sont encore à écrire...
Après ces quelques caractéristiques de notre voyage selon nos ressentis, je n'ai pas l'audace de prétendre que tous les backpackers pensent de cette façon. Mais croyez moi, nombreux sont ceux qui voient les choses de la sorte.
Pour finir, je voudrai rectifier une erreur de ma part, en transformant maintenant ma première question en :
« Le regretteriez vous ?? ».
Moi je connais déjà la réponse ...
Pas de fausses excuses !! Partez et voyez par vous même!!!
A très bientôt, je pense tout de même souvent à vous, amis de toujours et compagnons de route déjà partis...
See ya !!
De gauche à droite: Pascal,Johannes,Constantine,Isabelle, Jordan et JB
no comment
En exploration dans les champs ...
Ismael notre coloc australien (parlant français)
Ps: tout le monde n'a pu être mis en photo mais le coeur y est !!!